Elections israéliennes : encéphalogramme plat

Elections israéliennes : encéphalogramme plat

Elections israéliennes : une campagne terne, jusqu’à présent.

A moins d’un mois du Jour J de l’élection israélienne, le 22 janvier, la campagne demeure plutôt tiède.
Le gouvernement annonce ses diverses activités, y compris les plans concernant les implantations, l’opposition les critique et de nombreux hommes politiques font des déclarations.

Le grand public n’y prête guère attention.

Le 13 décembre 2012, le procureur général d’Israël, Yehuda Weinstein, a annoncé qu’il allait inculper le Ministre des affaires étrangères, sous les accusations d’abus de confiance et de fraude.

Le principal dossier contre le Ministre, concernant un blanchissement d’argent et une fraude plus importante a, cependant, été abandonné.

Il a fait l’objet d’une enquête approfondie durant douze ans.

Lorsqu’on a appris l’inculpation de Lieberman, les partis d’opposition ont appelé à sa démission immédiate.

Il s’y est conformé le jour suivant.

De fait, il restait peu de surface à l’opposition pour exploiter l’affaire.Le Mouvement de Tsipi Livni a déclaré que la démission de Lieberman était la bonne chose à faire.

Et il lui a souhaité un « procès rapide » -1-.

Naftali Bennett, le nouveau dirigeant du parti religieux-national “Foyer Juif”, a provoqué un choc, lorsqu’il a déclaré qu’il refuserait l’ordre d’expulser les Juifs de leurs habitations.

Il s’est vu lourdement critiqué, aussi bien par le Likoud que par les partis d’opposition.

Sur quoi, il a retiré ses premières déclarations, en disant : « Etant quelqu’un qui a eu à mener des combattants, à de nombreuses reprises, lors d’opérations, je suis opposé de tout mon cœur et de toute mon âme, au fait de refuser d’exécuter un ordre, qul qu’il soit.

J’ai obéi à tous les ordres que j’ai reçus durant mes 22 ans d’exercice au sein de Tsahal et je continuerai de le faire -2- 2″>Article original».

Ce problème, potentiellement brûlant, est ainsi devenu secondaire sur l’agenda électoral.

La décision du Comité Central pour les élections d’interdire à la députée Hanin Zoabi, du parti extrémiste arabe, de participer au scrutin, a, de même, difficilement constitué un vrai sujet de polémique.

La décision est automatiquement référée à la Cour Suprême-3- Par le passé, elle a régulièrement pris le contre-pied de ces avis.

Les évènements qui se déroulent du côté palestinien n’encouragent pas les partis du Centre-Gauche à clamer haut et fort qu’Israël pourrait favoriser la paix en faisant des concessions supplémentaires aux Palestiniens.

Le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, s’est rendu, pour la première fois en quarante ans, à Gaza.

Il y a réitéré que son mouvement avait pour unique but de détruire Israël. Mashaal a, ainsi, déclaré : « Aujourd’hui à Gaza, demain, ce sera Ramallah et, ensuite, Jérusalem, puis Haïfa et Jaffa -4- ».

Moins de deux semaines plus tard, un sondage mené par le Centre Palestinien de Recherche et d’Observatoire Politique, a démontré que 48% des Palestiniens voteraient pour Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre du Hamas à Gaza, en tant que Président.

Il dominerait le titulaire en poste, Mahmoud Abbas, qui n’obtiendrait que 45% des suffrages -5-.

Les condamnations étrangères des plans de construction annoncés par le gouvernement dans les territoires ne se sont pas calmées -6-.

Le public israélien, qui compare ces déclarations à aux critiques très mitigées des meurtriers de masse et de tellement d’autres atrocités dans les pays arabes, ne semble pas très impressionné.

Les sondages continuent de montrer que les électeurs de l’intérieur des blocs de Centre-Droit et de Centre-Gauche n’envisagent pas de franchir le pas.

Un sondage de Smith Recherche, pour Israël radio, publié le 20 décembre 2012, a offert 67 sièges au Centre-Droit et 43 sièges au Centre-Gauche, alors que l’ensemble des partis arabes recevraient 10 sièges.

Si c’était là le résultat final de l’élection, cela signifierait que, comparé à l’actuelle Knesset, le Centre-Droit remporterait un siège au détriment du Centre-Gauche et un autre au dépend des listes arabes.

Ce sondage a confirmé de précédentes indications : la bataille pour des sièges supplémentaires devra se dérouler à l’intérieur même des différents blocs.

Ce sondage de Smith n’apportait à la combinaison de liste Likoud/ Israël Notre Maison, que 36 sièges, contre 42 dans l’actuelle Knesset.

Tous les sondages révèlent que le parti Foyer Juif monte en force.

Dans ce sondage, il emporte 11 sièges, alors que ses deux composantes en disposent, actuellement, de 5 à eux deux.

Au sein du bloc de Centre –Gauche, le Parti Travailliste de Shelly Yachimovitch resterait loin devant, avec 19 sièges, à l’égard du parti « Il y a un avenir » de Yaïr Lapid, avec 11 sièges et du Mouvement de Livni, avec 9 sièges-7- .

A mesure que la liste Likoud/Israël Beitenou semble sur le point de perdre de nombreux suffrages, en direction de Foyer Juif, ses attaques se multiplient contre ce parti.

Après la dernière remarque concernant le refus de suivre les ordres, retirée par Bennet, le Premier Ministre Binyamin Netanyahou a déclaré qu’il n’y aura pas d’avocats du refus d’obéissance au sein de son gouvernement-8-.

De telles déclarations ont peu de signification, puisque ce sont les résultats de l’élection qui détermineront ce que seront les possibilités de bâtir une nouvelle coalition.

Les partis du Centre-Gauche avaient espéré que les problèmes sociaux deviendraient un thème central de cette campagne.

En 2011, il y avait eu des manifestations massives dans les rues, contre le gouvernement, sur ces sujets.

Elles pourraient, cependant, ne servir qu’à redistribuer les cartes, au détriment des autres partis du même bloc.

Un sondage de Dahaf, commandé par le Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, démontre que 83% des électeurs juifs ne pensent pas qu’un retrait israélien aux lignes de 1967, ni une division de Jérusalem mettraient un terme au conflit israélo-palestinien.

78% de Juifs affirment qu’ils voteraient différemment si le parti qu’ils soutiennent déclarait qu’il renonçait à la souveraineté sur Jérusalem-Est-9-.

Ces données indiquent que la sécurité est probablement en train de devenir un problème plus important, dans le reliquat de cette campagne, que le processus de paix.

Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans.

Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski/ Lessakele Article original

1 Barak Ravid and Jonathan Lis , “Foreign Minister Avigdor Lieberman to resign over indictment decision,” Haaretz 14 December 2012.

2 Jonathan Lis, “Habayit Hayehudi Chairman retracts comments on refusal to evacuate settlements,” Haaretz, 20 December 2012.

3 Telem Yahav, “Elections Committee bans Zoabi,” Ynetnews.com, 19 December 2012.

4 JPost.com Staff and Reuters, “Mashaal: First Gaza, then Ramallah, then Jerusalem,” Jerusalem Post, 8 December 2012.

5 Daniel Siryoti and Israel Hayom Staff, “Palestinians prefer Hamas leader Haniyeh over Abbas, poll shows,” Israel Hayom, 18 December 2012.
Elad Benari, “European Members of Security Council Condemn Israel,” Israel National News, 19 December 2012.

6 Gil Hoffman, “Poll finds Lieberman indictment had negligible impact,” Jerusalem Post, 20 December 2012.

7 JPost.com Staff, “PM: ‘Refusal’ advocates won’t sit in my government,” Jerusalem Post, 21 December 2012.

8 “Views of the Israeli Public on Israeli Security and Resolution of the Arab-Israeli Conflict – 19 December 2012,” Jerusalem Center for Public Affairs, 19 December 2012.

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