La campagne s’emballe à moins d’1 semaine du Jour J

La campagne s’emballe à moins d’1 semaine du Jour J

Au cours des dernières semaines de la campagne électorale qui viennent de s’écouler, le Premier Ministre Netanyahu et le Likud ont été les destinataires de pas mal de critiques, récemment, avec l’affaire “Bottlegate”, le rapport du bureau du contrôleur de l’Etat qui en a traité et, de façon plus déterminante, le rapport du bureau du contrôleur de l’Etat sur la crise du logement. Ces sujets ont dominé l’essentiel de l’agenda anti-Netanyahu. Au cours de la dernière semaine, Netanyahu a réussi à reprendre l’initiative, dans le calendrier electoral, grâce à ses discours face à l’AIPAC et au Congrès américain.

Le discours de Netanyahu devant le Congrès a produit un impact non-négligeable sur l’opinion, aux Etats-Unis. Il a obligé à un examen plus minutieux sur la gestion du dossier nucléaire iranien par l’Administration Obama. En revanche, il n’est pas aussi évident de savoir s’il a réellement eu un impact significatif sur les électeurs israéliens.

Les messages électoraux sont, à présent, plus ciblés et concis, ceci étant, en partie, dû aux campagnes télévisées. Le message central du Likoud tient en peu de mots : “C’est soit nous, soit eux”. Ce slogan souligne que le choix du Premier Ministre se fait entre Netanyahu et Herzog/Livni. Certains clips promotionnels du Likud montrent une image d’Herzog qui se métamorphose sous les apparences de Livni. Cela suppose que la plupart des gens voient Herzog comme plus populaire que Livni, qui a fréquemment changé d’allégeance à différents partis. Ce montage insiste pour dire que Livni remplacera Herzog, en tant que Premier Ministre, après deux ans en poste, si l’Union Sioniste gagne les élections. Le message fondamental de l’Union Sioniste dit que Netanyahu a échoué et, par conséquent, qu’il est temps qu’il parte.

Un problème crucial concerne le choix du candidat pour le poste de Premier Ministre, que mentionneront les chefs de parti, lorsqu’ils seront convoqués par le Président Rivlin. Le dirigeant du Shas, Aryeh Deri, a déclaré que son parti soutiendra Netanyahu, bien qu’il n’ait pas exclu la possibilité d’entrer au sein d’une coalition menée par Herzog[1]. Le Shas a, aussi, répété qu’il ne participerait pas à une coalition intégrant Yesh Atid de Lapid.

Lapid a affirmé qu’il ne rejoindrait pas un gouvernement, si la loi exigeant la conscription au service militaire de la population haredi était révoquée. Cela rend la création d’une coalition dirigée par l’Union Sioniste encore plus difficile. Et ce, d’autant plus que la Liste conjointe de l’Union Arabe a déclaré qu’elle ne se joindrait à aucun gouvernement, quel qu’il soit. Leur porte-parole Raja Zaatry a affirmé : “Nous ne pouvons pas faire partie d’un gouvernement qui occupe toujours notre peuple”. Il a ajouté que si, de l’extérieur, la Liste Arabe Unie peut empêcher Netanyahu de former un gouvernement, ils feraient en sorte que ce soit bien le cas[2] .

Un autre sujet d’importance concerne les accords entre divers partis, au sujet des suffrages en surplus pour être élu. Dès que tous les fauteuils de la Knesset, pour lesquels le nombre de suffrages requis est atteint, sont attribués, il subsiste, en effet, un certain nombre de bulletins de vote suffisant pour permettre à des partis d’être qualifiés pour obtenir un siege supplémentaire. Ces votes en surnombre sont alors additionnés avec ceux du parti partenaire, au cours d’accords sur ces votes supplémentaires. Ce qui peut offrir à l’un de ces deux partis concernés suffisamment de suffrages pour disposer d’un représentant de plus.

Un peu plus tôt, au cours de cette campagne, l’Union Sioniste et le Meretz ont conclu un tel accord de mise en commun. Le fait d’annuler cet accord permettrait au Meretz de faire cause commune avec la Liste Arabe Unifiée. Cela autoriserait aussi l’Union Sioniste à conclure un accord identique avec Yezsh Atid, qui ne dispose pas de partenaire pour une telle mise en commun des voix. Cependant, la Liste Arabe a refusé cette proposition[3]. L’un des résultats de ces marchandages est que Yesh Atid, qui prétend être centriste, est de plus en plus perçu comme un vrai parti appurtenant, bel et bien, à la gauche.Bien plus qu’au cours des semaines précédentes, le principal sujet de la campagne tourne autour du fait que Netanyahu est bien en voie de demeurer Premier Ministre. Pourtant, ce n’est pas totalement évident, parce qu’Herzog et Livni ont explicitement refusé d’exclure l’éventualité que l’Union Sioniste puisse faire partie d’un gouvernement dirigé par Netanyahu. Moshe Kahlon, chef de Koolanu, a constamment refusé de dire qui son parti approuvera comme Premier Ministre[4]. Cela ne laisse que deux partis, la Liste Arabe et Meretz, qui ont affirmé haut et clair qu’il ne soutiendront Netanyahu à aucun prix.

Yediot Acharonot, le second quotidien par ordre d’importance en Israël et son site Ynet, se sont violemment déchaînés contre Netanyahu, tout au long de la campagne. Ils publient actuellement un document, daté d’août 2013, qui affirme que Netanyahu aurait convenu de faire des concessions territoriales substantielles aux Palestiniens[5]. Le Likoud a publié un certain nombre de réfutations confuses, dont l’une, émanant du Bureau du Premier Ministre, qui déclare que : “Le Premier Ministre a clairement fait comprendre, durant des années, qu’étant données les conditions actuelles au Moyen-Orient, tout territoire qui serait concédé sera une cible de conquête par l’Islam radical, tout comme cela s’est produit à Gaza et au Sud-Liban[6].

Un rassemblement de masse contre la réélection de Netanyahu en tant que Premier Ministre s’est tenu, dans la soirée du 7 mars, sur le Square Rabin de Tel Aviv, réunissant une foule de 35.000 personnes. Le principal orateur était l’ancien chef du Mossad, Méïr Dagan, qui n’a de cesse de pourfendre Netanyahu et sa politique depuis des lustres. Dagan a déclaré qu’Israël est confronté à sa pire crise, depuis toujours, sous la gouvernance de Netanyahu[7].

On a aussi assisté à un effort pour ranimer les manifestations sociales de 2011. On a, une fois encore, installé des tentes sur le boulevard Rotschild de Tel Aviv, mais cela n’a attiré que peu d’attention[8]. Au bout de quelques jours à peine, la Municipalité a fait retirer ce campement[9].

Au même moment, les sondages continuent d’indiquer que le Likoud dispose d’une courte avance sur l’Union Sioniste. La ligne de partage entre les blocs reste plus ou moins égale à elle-même. Le Likud, Bayit Yehudi et Israël Beitenu ont près de 40 sièges, auxquels on peut en ajouter 3 de plus, si Yahad, le parti de Yishaï franchit le seuil minimal requis. Les 19 sièges originels de Yesh Atid sont plus ou moins redivisés entre ce parti et Koolanu de Kahlon, qui, ensemble, sont crédités de 20 sièges. Ensemble, l’Union Sioniste et le Meretz pourraient obtenir 30 sièges, un gain de trois environ, par rapport à leur performance actuelle. Les deux partis ultra-orthodoxes disposent, maintenant de 18 sièges, qui sont répartis dans les sondages entre les trois partis religieux. La Liste d’Union Arabe en obtient 12, dans la plupart des sondages, ce qui leur octroie un benefice d’1 siège.

Tout ceci fait qu’on se demande sur quoi, au juste, portent ces élections, si on constate aussi peu de changements entre les blocs existants. Mais, puisqu’il reste de nombreux indécis, ce manque de grand bouleversement peut changer de façon significative, lorsqu’on connaîtra les résultats réels de cette élection.

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

[1] Itamar Sharon,“Shas leader says party wants Netanyahu as PM,” Times of Israel, 4 March 2015.

[2] Ariel Ben Solomon, “Arab Joint List rejects idea of joining Herzog-led government,” The Jerusalem Post, 3 March 2015.

[3] Gil Hoffman, “Balad blocks deal with Meretz to save left-wing votes,” The Jerusalem Post, 7 March 2015.

[4] Niv Elis, “Kahlon rebuffs alleged Likud pressure for public support,” The Jerusalem Post, 8 March 2015.

[5] Nahum Barnea, “Netanyahu’s secret peace offer concessions to Palestinians revealed,” Ynetnews.com, 6 March 2015.

[6] Barak Ravid, “Netanyahu: Bar-Ilan 2-state speech no longer relevant in today’s reality,” Haaretz, 8 March 2015.

[7]  Jonathan Lis and Yaniv Kubovich, “Tens of thousands attend anti-Netanyahu rally in Tel Aviv, Haaretz, 7 March 2015.

[8] Or Kashti, “Israel’s social protesters renewing the battle for awareness,” Haaretz, 7 March 2015.

[9] Ben Hartman, “Less than a week later, Rothschild protest encampment cleared out by city,” The Jerusalem Post, 8 March 2015.

 

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