On ne peut plus faire confiance à l’Europe

On ne peut plus faire confiance à l’Europe

L’expert israélien, Manfred Gerstenfeld, commente la nouvelle directive de l’Union Européenne, à l’aune de sa Diabolisation constante d’Israël.
M. Gerstenfeld, Israël se sent discriminé par les orientations de la nouvelle directive concernant les territoires. Pourquoi cela ?

Cette directive correspond à une nouvelle phase d’un long processus de discrimination anti-israélienne, de la part de l’Union anti-européenne. On retrouve les traits de cette politique sous divers aspects. L’un d’entre eux consiste à signaler aux Israéliens que les Européens n’ont, envers eux et eux seuls, que des exigences. De la même manière, les Européens ferment les yeux sur les cas flagrants d’incitation et de diabolisation à l’encontre Israël, menés tambours battants, par l’Autorité Palestinienne. En outre, l’Union Européenne fournit tout son soutien financier à cette même Autorité Palestinienne. Cet organe palestinien glorifie les meurtriers de civils israéliens, et appelle toujours au meurtre d’Israéliens.

Comment se présentent concrètement ces appels à la haine et au meurtre?

On peut trouver un résumé de l’étendue de cette incitation à la haine sur le site internet de Palestinian Media Watch Article original . Il y a tant de messages de haine palestinienne que ce site internet les subdivise en catégories, telles que « l’animalisation », « les Juifs et Israël incarnent le mal », « Les Juifs et Israël sont « un cancer et autres maladies », « Les Juifs/ Israéliens mettent l’humanité en danger », et ainsi de suite. Et tout ceci est partiellement financé par les subventions de l’UE. Il y a, récemment, eu des débats peu concluants, au sein de divers Parlements, pour savoir si les financements offerts par leurs pays servaient aussi à payer de généreux salaires à des tueurs de masse palestiniens tranquillement assis dans les prisons israéliennes. Tout en s’ingéniant à trouver de nouvelles manières de créer des problèmes à Israël, l’UE demeure largement inactive face à la situation en Syrie, où, chaque mois, selon l’ONU, environ 5.000 personnes sont tuées et tant d’autres blessées.

Comment expliquez-vous tout cela, à la lumière du credo officiel européen d’après-guerre : “Ne jamais plus tolérer l’antisémitisme » ?

Il est bien dommage qu’aucun psychiatre n’analyse la psyche des pays et des entités supranationales. L’UE serait un excellent client pour une telle cure. Dans l’un de mes livres, j’appelle « Racisme Humanitaire » un élément essentiel de l’attitude de l’Union Européenne envers Israël. C’est l’une des formes les moins reconnues de racisme. On peut le définir comme la tendance à n’attribuer qu’une responsabilité réduite aux gens appartenant à certains groupes ethniques ou nationaux, concernant leurs intentions et actes criminels, même s’ils sont de grande ampleur. Les racistes humanitaires jugent la conduite délictueuse et le crime de façon différente, selon la couleur et la puissance de ceux qui les commettent. Par exemple, les peuples blancs sont tenus à des normes de responsabilité différentes que celles appliquées pour les gens de couleur. Les Israéliens sont souvent condamnés, quelles que soient les mesures qu’ils prennent pour se défendre. La responsabilité palestinienne, face aux attentats-suicide, aux attaques de missiles meurtriers, la glorification d’assassins de civils et la promotion du génocide est, la plupart du temps, minimisée. Ce dernier point l’appel au génocide-article 7-« >Article original apparaît dans la charte du Hamas.

Il y a peu de temps, vous avez publié un livre : Demonizing Israel and the Jews La diabolisation d’Israël et des Juifs »>Article original. Vous écrivez qu’au moins 150 millions des 400 millions de citoyens adultes de l’UE ont une vision diabolisée d’Israël. Comment parvenez-vous à cette configuration ?

Une étude menée, dans sept pays, par l’Université de Bielefeld, pour le compte de la Fondation Friedrich Ebert, a démontré que bien plus de 40% des personnes interrogées de plus de seize ans sont d’accord avec la proposition selon laquelle Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens, ou, en d’autres termes, une guerre génocidaire. Pour l’Allemagne, la configuration était de 47%. Une étude précédente, réalisée par la même université, au début de ce siècle, se limitait à l’Allemagne. Elle demandait aux sondés s’ils étaient d’accord avec la déclaration disant que les Israéliens se comportent envers les Palestiniens comme les Nazis se sont comportés envers les Juifs. 51% ont répondu par l’affirmative. Les résultats d’études semblables, faites par d’autres institutions, en Norvège et en Suisse sont en conformité avec ces données. Ces découvertes illustrent les analogies entre la mentalité de beaucoup d’ Européens Article original de l’époque actuelle et de larges parties de la population de ce continent au Moyen-Âge, qui avaient des points de vue irrationnels et haineux, à peu près identiques, au sujet du peuple juif.Comment s’est forgée une telle image déformée de la réalité ?

Si on condamne et attaque fréquemment Israël et qu’on passe son temps à regarder ailleurs, lorsque se produit l’énorme criminalité qui affecte nombre de parties du monde arabo-musulman, on génère une atmosphère dans laquelle ces idées absurdes surviennent et gagnent une grande popularité, comme le démontrent les statistiques. Les gens ne se posent pas les moindres questions un tant soit peu raisonnables : Comment se fait-il que la population palestinienne ait pu croitre à ce point, au cours des dernières décennies ? Et de quelle manière cette croissance peut bien correspondre aux points de vue diabolisants sur Israël disant qu’il « commet un génocide » ? Je ne parle même pas du fait que des Palestiniens sont soignés dans des hôpitaux israéliens, ni que des médecins israéliens font de leur mieux pour sauver des enfants palestiniens atteints de maladies graves.

L’UE est-elle coupable de tout cela ?

De nombreux relais, dans la politique de l’UE et la société civile ont contribué à forger et entretenir ces opinions diaboliques sur Israël. Cela nous ramène à la récente directive de l’UE. Ces mesures anti-israéliennes ont suscité très peu de réactions, en Europe. Cela démontre qu’un processus circulaire se poursuit en boucle. L’Union Européenne contribue à générer une atmosphère très répandue et très négative, s’agissant d’Israël, et, dans un tel environnement, elle a tout loisir de prendre de nouvelles mesures discriminatoires contre lui, qui, en retour, stimule ces mêmes points de vue négatifs, tous prêts à les accueillir et ainsi de suite. La décision de l’ UE est, également, douteuse, sur le plan juridique. Mon collègue, au Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, l’Ambassadeur Alan Baker Article original l’a très bien résumé dans un article. Il existe, en Europe, des hypothèses erronées, tant sur le plan juridique que politique, aussi bien à propos du statut des lignes d’armistice d’avant 1967, qui ne constituent, en aucun cas, des « frontières », que de la supposée « illégalité » des implantations israéliennes. Il souligne aussi que la position européenne actuelle renie les engagements de l’UE, en tant que signataire et témoin des accords d’Oslo. Elle s’est, pourtant, engagée à ne pas saper les sujets qui font l’objet de la négociation, concernant le statut final des territoires, les frontières, les implantations, Jérusalem et ainsi de suite.

Cette directive est publiée à un moment où les Etats-Unis tentent e relancer le processus de paix. En quoi la position européenne affecte cette tentative ?

Cela apporte surtout un large soutien inespéré et une confirmation à beaucoup d’Israéliens qui sont convaincus, jusqu’à présent, que des concessions supplémentaires ne mèneront pas à la paix et que, quel que soit l’accord présenté comme définitif, cela ne fera qu’encourager les Palestiniens à poursuivre l’incitation, qui a, plutôt, réussi – de leur point de vue. A la suite de quoi, ils présenteront de nouvelles exigences, avec l’aide des Européens et d’autres alliés, jusqu’à l’anéantissement d’Israël. Il y a pas mal de preuves qui soutiennent cette opinion. Un autre de mes collègues, l’Ambassadeur Dore Gold, a découvert, après les accords d’Oslo de 1993, alors qu’il était ambassadeur d’Israël à l’ONU, que les Européens continuaient à voter pour les mêmes résolutions anti-israéliennes à l’Assemblée Générale des Nations-Unies qu’ils le faisaient auparavant.

En d’autres termes, vous dites qu’Israël ne peut avoir aucune confiance en l’Union Européenne?

Je pense que c’est un bon résumé. Accepter certaines des positions européennes sur le conflit palestino-israélien peut devenir suicidaire pour l’Etat d’Israël.

Questions de Michael Wuliger

Traduit de l’Allemand.

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