Droits de l’Homme : cacher ses crimes en accusant Israël
Le relativisme moral est une arme essentielle utilisée pour saborder les valeurs humaines. Cette approche destructive peut être définie sous la forme : “Les jugements moraux ne sont vrais ou faux qu’en fonction d’un certain point de vue, celui d’une culture ou d’une période historique – et aucun point de vue n’est unique ni ne peut être privilégié sur tous les autres… Il repose sur l’insistance que nous devrions nous abstenir de transposer des jugements moraux sur les croyances ou pratiques caractéristiques d’autres cultures que la nôtre[1]”.
Nombreux sont ceux qui emploient ce relativisme moral afin d’accuser Israël de “crimes” supposés. Les nations le font souvent pour se laver eux-mêmes les mains de leur propre comportement, qui est fréquemment identique en nature au contenu de leurs accusations à l’encontre d’Israël et même bien pire. Ils ignorent aussi fréquemment ou justifient les relents de l’énorme criminalité inhérente à de vastes parties du monde musulman. Cela peut comprendre la discrimination raciale ou sous tous ses formes, la domination extrême des femmes, en particulier par les meurtres dits “d’honneur”, autant que l’esclavage, l’incitation et tant d’autres expressions de violence, dont les meurtres de masse.
Dès lors qu’on accepte comme légitime le principe du relativisme moral, on se met en route pour saper les piliers de la démocratie et le noyau central des valeurs humaines. L’application de normes à deux vitesses (ou double-standards) est une notion plus large que celle de relativisme moral. Ce dernier se focalise fortement sur les valeurs, ce qui n’est pas forcément le cas, en ce qui concerne les double-standards (axés sur les normes) [2].
Les relativistes moraux justifient des pratiques immorales. De telles justifications peuvent mener à l’instauration d’un relativisme moral, comme le fait de trouver une équivalence quelconque entre les valeurs portées par les Nazis et celles des alliés, jusqu’à justifier indirectement la Shoah.
La pièce maîtresse dans le corpus des lois internationales, mise en oeuvre pour endiguer le relativisme moral n’est autre que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), adoptée en décembre 1948. L’élan fondamental qui a conduit à l’élaboration de la DUDH consistait à apporter des normes juridiques universelles qui n’existaient pas du temps des horreurs commises sous la férule nazie. Cette Déclaration Universelle était aussi destinée à empêcher une seconde Shoah de survenir, en dénonçant des violations extrêmes des valeurs humaines, telles que celles commises par les Nazis, comme mondialement inacceptables[3].
Une majorité écrasante des nations membres de l’ONU a voté en faveur de l’adoption de la Déclaration Universelle. Huit nations se sont abstenues et aucune n’a voté contre[4].
Le premier article de la DUDH proclame : “Tous les être humains sont nés libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité”. Cela équivaut à dire que tous les individus sont également responsables de leurs actes[5]. La DUDH a été rendue contraignante au regard des lois internationales en 1976 et l’adhésion à ses statuts vaut comme prérequis pour les nations qui souhaitent intégrer l’ONU[6].
Malgré cela, les Nations Unies et leurs divers organismes affiliés fournissent des exemples flagrants de relativisme moral. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les positions de l’ONU envers Israël. Les délégués et les agences de l’ONU choisissent souvent d’ignorer les valeurs d’égalité proclamées par la DUDH dans l’adoption de leur posture à l’égard d’Israël.Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU (UNHRC) est une des agences de l’ONU où on peut facilement relever des abus réguliers de relativisme moral. En 2006, cet organisme a succédé à la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU. La perversion extrême des valeurs qui se donne libre cours dans de tels organismes internationaux est, pour l’essentiel, la conséquence des postures adoptées par divers Etats musulmans qui sont ensuite soutenus par d’autres. Au regard de la multitude d’exemples, provenant de l’UNHRC et qui sont aisément disponibles, il faudrait un essai complet pour rendre justice à ce sujet. Dans ce contexte, cependant, un exemple récent peut servir à illustrer le problème posé.
A l’été 2014, l’UNHRC a mené un débat sur les “territoires arabes occupés”. Cette séance comprenait un vibrant plaidoyer de Rachel Frankel, la mère d’Eyal, l’un des trois adolescents israéliens kidnappés et assassinés par des terroristes palestiniens. Cependant, cette session a largement été utilisée pour accuser Israël “d’occupation” de la Palestine.
Les représentants des autres nations présentes sont en guerre ou ont été en guerre au sujet de territoires disputés et ont donc fait porter la critique sur Israël. L’Ethiopie a déclaré qu’Israël était coupable “d’occupation[7]”. Pourtant, à l’issue de cette déclaration, aucun des membres de l’UNHRC n’a mentionné la guerre érythréo-éthiopienne de 1998-2000, où on estime le nombre de morts entre 70.000 à 120.000 civils et soldats. Cette guerre s’est déclenchée à cause de l’occupation par l’Ethiopie de la région érythréenne de Badame[8].
La Russie a aussi osé évoquer “l’indivisibilité” du territoire palestinien[9], pourtant elle est bien actuellement impliquée dans de nombreux conflits territoriaux, y compris avec des états membres de l’ONU, comme le Japon[10], l’Ukraine[11] et la Géorgie[12]. Le Maroc et l’Algérie, qui occupant tous deux la région disputée du Sahara Occidental depuis ces quarante-cinq dernières années, ont fait des déclarations condamnant Israël pour sa soi-disant occupation des territoires palestiniens[13] [14].
Bien que ces conflits territoriaux et occupations menés par ces nations provoquent des bilans en nombre de tués bien plus importants, les actions d’Israël sont stigmatisées comme intolérables, selon ces relativistes moraux. Au cours des débats, il n’a pas été, un seul instant, question des disputes territoriales occasionnées par ces nations qui ont attaqué Israël de façon hypocrite, à l’exception d’un affrontement entre les représentants marocains et algériens pour prouver qui a, en réalité, revendiqué le Sahara occidental et à qui il est censé appartenir[15].
Pour ces nations et d’autres, membres de l’UNHRC, Israël est moralement corrompu à cause de sa mal nommée “occupation de la Palestine” – dont les zones sont disputées et non occupées – ce qui permet de faire passer sous silence leur propre occupation illégale de territoires, par le biais d’une condamnation d’Israël.
Globalement, le volume incroyable de résolutions retenues contre Israël par l’UNHRC est un indicateur déterminant de ce relativisme moral extrémiste. Il y a eu plus de résolution de l’UNHRC contre Israël que contre tous les autres 191 pays réunis à travers le monde[16].
Bien que la charte de l’ONU prétende défendre les “principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité”, un peu comme l’Assemblée Générale des Nations Unies, cet organisme dominé par les pays musulmans fait très peu pour enrayer les pires violations existant au sein du monde musulman. Les principes d’universalité ont été sérieusement mis en doute par l’UNHRC, en 2008, lorsque le mandat sur la liberté d’expression, l’un des postulats fondamentaux de la DUDH, a été renversé par ce Conseil dominé par les Musulmans. Actuellement, quiconque “abuse” de cette liberté de parole ou “ose dire quelque chose qui soit considéré comme “offensant pour la sensibilité islamique” doit être déféré devant le conseil[17].
On peut apporter bien plus d’exemples de relativisme moral extrême, non seulement au sein de l’UNHRC, mais de la part d’autres organismes de l’ONU, tels que l’UNESCO, l’UNRWA autant que des Nations-Unies ells-mêmes.
Manfred Gerstenfeld et Jamie Berk
Le Dr. Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. .Jamie Berk est chercheur travaillant à l’obtention d’un Master en Sciences Politiques à l’Université Hébraïque de Jérusalem.
Adaptation : Marc Brzustowski.
[1] “Moral Relativism”, Internet Encyclopedia of Philosophy- University of Tennessee.
[2] Manfred Gerstenfeld, “Double Standards for Israel,” Journal for the Study of Antisemitism 4, 2 (2012): 613-638.
[3] Amy Eckert, “Universality by Consensus: The Evolution of Universality in the Drafting of the UDHR,” University of Denver, 2001, pp 22-23.
[4] John Kenton, “Human Rights Declaration Adopted by U. N. Assembly,” The New York Times, 10 December 1948.
[5] “The Universal Declaration of Human Rights,” United Nations.
[6] “The Foundation of International Human Rights Law,” United Nations.
[7] “Human Rights Council Holds General Debates on Occupied Arab Territories and on Vienna Declaration and Programme of Action,” UNOG- The United Nations Office at Geneva, 24 June 2014.
[8] “Ethiopia-Eritrea (1998 – first combat deaths),” U.S. Department of Justice, February 2002.
[9] “Human Rights Council Holds General Debates on Occupied Arab Territories and on Vienna Declaration and Programme of Action,” UNOG- The United Nations Office at Geneva, 24 June 2014.
[10] “Kuril islands dispute between Russia and Japan,” BBC, 29 April 2013.
[11] Michael Birnbaum and Karoun Demirjian, “A year after Crimean annexation, threat of conflict remains,” The Washington Post, 18 March 2015.
[12] George Mchedlishvili, “Putin Slyly Redraws Georgia’s Borders,” Newsweek, 21 July 2015.
[13] “Western Sahara Profile,” BBC, 7 January 2014.
[14] “Human Rights Council Holds General Debates on Occupied Arab Territories and on Vienna Declaration and Programme of Action,” UNOG- The United Nations Office at Geneva, 24 June 2014.
[15] Ibid
[16] Ido Aharoni, “How the United Nations Human Rights Council Unfairly Targets Israel,” Time, 30 July 2014.
[17] “Human Rights Council,” UN Watch.